(RE)découvrons notre ville: Grands magasins Champagne

Magasin Champagne

(RE)découvrons notre ville: Grands magasins Champagne

Notre capitale, vous pensez bien la connaître ? Bien, détrompez-vous ! Certains bâtiments, devant lesquels vous passez régulièrement cachent une histoire particulière. Dr Robert L. Philippart est un véritable expert en la matière et va vous emmener à travers la ville découvrir ces histoires cachées qui vous feront voir d’un autre œil certains bâtiments emblématiques.

Grands magasins Champagne (61, Avenue de la Liberté)

Etabli à la Ville Haute depuis 1876, le « Grand Bazar Champagne » de Jean-Pierre Champagne s’installa en 1903 dans la partie supérieure de l’Avenue de la Gare. L’enseigne y disposait d’un dépôt.

En 1906 Emile Champagne, fils de Jean-Pierre, réussit à faire de son commerce le premier grand magasin du Luxembourg de par son architecture. Le terrain sur lequel allait ouvrir le bazar appartenait à l’entrepreneur Michel Funck. La circonférence du terrain venait d’être fixée suite à un arrangement trouvé avec l’Etat dans le cadre de l’aménagement de l’avenue de la Liberté. Celle-ci, ouverte à la circulation en 1903 venait de couper la propriété Funck en deux lots distincts, l’un et l’autre situés à droite et à gauche de la nouvelle voie. Cette nouvelle artère passait au-dessus d’un talus remblayé de 2 m de hauteur. Michel Funck allait demander à son frère, l’architecte Pierre Funck, de construire un grand magasin qui devait relier l’avenue de la Gare à l’avenue de la Liberté. Pierre Funck compte parmi les grands architectes de la ville de Luxembourg de la fin du XIXe siècle (Casino bourgeois, Convict épiscopal, Banque Internationale, Cercle municipal, maison Conroth-Lenoël). L’architecture caractéristique des grands magasins n’apparut à la Ville haute que 10 ans plus tard.

Le Grand Bazar Champagne installé dans ses nouveaux locaux fut inauguré le 27 avril 1904 et présenté comme « das grossartigste Geschäft in diesem Genre » (Bürger und Beamtenzeitung, 30.4.1904.) Le rez-de-chaussée accessible à partir des deux avenues était caractérisé par de grandes vitrines qui permettaient d’exposer les marchandises en permanence. Une galerie à éclairage zénithal reliait les deux bâtiments construits à front de rue sur les deux avenues. Cet éclairage passait par une toiture et une coupole en verre permettant également l’aération des locaux. Le long de l’avenue de la Liberté, Funck avait érigé un bâtiment à deux niveaux dont seule la structure portante constituait la façade. Celle-ci fut agrémentée de bas-reliefs en Art Nouveau. La vente se fit au sous-sol, au rez-de-chaussée et à l’étage. Un escalier monumental conduisait le client vers le 1er étage réservé aux jouets. La toiture de cette annexe était plate grâce à l’emploi très moderne du béton. Une véranda s’y trouvait. La corniche de cet immeuble était ornée d’une balustrade avec deux vases et deux statues. Un grand miroir reflétait la vue inégalée sur la nouvelle avenue et le quartier de Hollerich en émergence. Un ascenseur et des bouches d’incendie complétaient les installations. A l’époque on qualifia le magasin de digne d’une grande capitale et même d’attraction pour touristes. En effet, la proximité de la gare faisait des visiteurs étrangers une clientèle intéressante. Pour les attirer, Champagne faisait éditer des jeux de cartes postales montrant la Ville de Luxembourg, mais également la station thermale de Mondorf-les-Bains. Le magasin était proche de la station des chemins de fer à voie étroite menant à Mondorf-Les-Bains, Remich et Echternach. Avec 900 me de surface d’exposition, le Grand Bazar Champagne » comptait parmi les pionniers des grands magasins au Luxembourg. Les nouveaux locaux permettaient d’étendre l’offre qui désormais englobait la vente de vélos et d’accessoires pour vélos, de torches électriques, d’horloges, des footballs, des ustensiles de jardin, des articles de pêche, des phonographes, des lunettes, du linge maison, des articles de ménage, du tabac et des pipes, des fourrures, des articles de papeterie, des cartes postales, des articles religieux, des couronnes funéraires, des porcelaines, de la cristallerie, des couverts, des chaussettes et chaussures, des bonbons, des vins, des fruits, des articles de décoration, de petits meubles, des charrettes, landaus et chaises hautes pour enfants. Le commerçant était également innovateur sur le plan du marketing : la publicité en fut un élément, mais il accordait aussi la vente sur crédit, introduit des journées gratuites (remboursement à l’achat suivant), l’ouverture dominicale, la vente à tarifs spéciaux pour revendeurs, colporteurs et associations, la présentation ordonnée, le renouvellement des collections. A partir de 1904, Champagne ne participa plus avec un stand propre à la Schueberfouer, mais organisait des semaines de vente thématiques avec articles de ménage achetés spécifiquement et en grande quantité pour l’occasion. Le succès de l’entreprise devint grandissant, de façon que Champagne allait louer les locaux de l’ancien Casino de la Gare au coin de la rue de Strasbourg et de l’avenue de la Liberté (aujourd’hui City Hotel). Ici il exposait exclusivement du mobilier pour particuliers et professionnels. Le magasin indiquant qu’il vendait entretemps 100.000 articles présentait ainsi au total 1500 m2 de surface d’exposition. Emile Champagne s’engageait également dans la vie sociale en étant membre des acteurs amateur du Cercle des Philanthropes luxembourgeois, lieutenant et secrétaire du corps des pompiers de Luxembourg-Gare et membre du Comité de secours en faveur des orphelins de la guerre (1915).

Le 18 juin 1918, le Grand Bazar Champagne était endommagé par les fragments d’une bombe que les Alliés avait lancé sur la gare afin d’empêcher l’avancement de l’armée allemande. La veuve d’Emile Champagne décédé quelques jours avant le bombardement, Berthe Glesener, poursuivit les affaires jusqu’au mois de juin 1923. Elle allait vendre sa propriété de 5 a 10 ca avec accès aux deux avenues à J. Aach-Sender qui y installa son magasin de literie, de linge maison, de voitures d’enfants. En 1931 le nouveau propriétaire y inaugura le passage de la gare avec 12 magasins et fit exhausser le bâtiment longeant l’avenue de la Liberté. La propriété sera ultérieurement scindée en deux parcelles, l’une donnant sur l’avenue de la Liberté, l’autre sur l’avenue de la Gare.

Photo : Grand Bazar Champagne 1916 in MERSCH François Luxembourg Belle Epoque Guerre et Paix Luxembourg 1978 p147 

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