(Re) découvrons la ville : Maison Settegast

Notre capitale, vous pensez bien la connaître ? Bien, détrompez-vous ! Certains bâtiments, devant lesquels vous passez régulièrement cachent une histoire particulière. Dr Robert L. Philippart est un véritable expert en la matière et va vous emmener à travers la ville découvrir ces histoires cachées qui vous feront voir d’un autre œil certains bâtiments emblématiques.

La maison d’équipement de ménages Settegast & Cie successeurs avait été fondée en 1842 et était située à l’angle de la rue du Curé et de la rue du Fossé. Le nouvel immeuble construit en 1966 d’après les plans de l’architecte Paul Retter porte encore aujourd’hui le nom de „Centre Settegast“.

La maison a été fondée par le transporteur Joseph Settegast, originaire de Coblence, et son épouse Cécile van der Noot. Au départ le couple vendait des grains et aliments. Au bout de quelques années, la maison allait être recherchée pour les listes de mariage, les dotes de jeunes filles, l’entrée en pensionnat, au couvent ou au séminaire. Le client y pouvait acquérir des matelas, des ressorts, du linge pour literie, des duvets et édredons, des couvertures. Il y trouvait encore un ample choix de linge maison, des nappes, des rideaux et stores, des tapis, du linge pour autels, des fauteuils rembourrés, des canapés, des chaises. La maison disposait de son propre atelier avec chef-tapissier et garnisseur pour lequel l’entreprise avait recruté des professionnels ayant travaillé à Paris, respectivement à Bruxelles. L’enseigne disposait de machines spécifiques pour rembourrer les édredons que les clients ramenaient chaque saison au magasin.  La maison assurait encore la pose de tapis et de linoléum.

La maison Settegast était nommée 1922 fournisseurs de la Cour. La maison avait été reprise par la fille de Joseph Settegast, Hélène, épouse de Henri-Alphonse Heldenstein. Le magasin était également spécialisé dans la vente de rideaux de théâtre. Cette corrélation provient sans doute du fait que Henri Heldenstein était le fils de François Ignace David Heldenstein (1820–1907), pharmacien, qui comme artiste réputé, réalisait les décors du théâtre de la ville. Les fils de Henri Heldenstein et Hélène Settegast, Max et Guillaume reprenaient les affaires en 1921. Max Heldenstein meurt jeune à l’âge de 39 ans en 1933. Il fut une des grandes figures de la fondation de la Fédération Nationale des Eclaireurs Luxembourgeois. François Heldenstein (1982–1975) sera associé ensuite à la gouvernance de l’entreprise. François Heldenstein compte parmi les artistes luxembourgeois de grande renommée. Peintre et sculpteur il avait promu le Cercle Artistique dès son jeune âge. Il avait fait les Beaux Arts à Munich et à Paris. En 1924, il se vit remettre la distinction en argent pour sa sculpture Vers l’Olympiade qui de nos jours est exposée au hall du centre national sportif et culturel d’Coque. Guillaume (1896–1990) n’est pas moins célèbre comme il avait représenté le Luxembourg comme bobeur aux jeux Olympiques d’hiver à Saint-Maurice en 1928. 

Comme tant de magasins de la capitale, la maison Settegast lançait des actions de promotion à l’occasion des fêtes saisonnières ou événementielles. Ce fut l’occasion d’acheter de nouveaux tapis, ou encore des manteaux pour enfants, des essuis. Dans les années 1950, la maison participait aux nombreux défilés de mode en fournissant les tapis sur lesquels passaient les mannequins. La maison Settegast, Heldenstein & Cie successeurs avait fermé définitivement ses portes en avril 1966.

L’immeuble Settegast remontait au XVIe siècle et disposait de caves étendues. Sur la partie arrière du terrain passait le mur de l’enceinte médiévale de la rue. La maison était la propriété de l’ancienne famille noble de Mamer, ce qui explique que cette partie de la rue du Curé portait jusqu’en 1925 le nom de Mamergasse.

Recherches et texte : 

Robert L. Philippart

Crédits photos :

Guide officiel du GDL foire commerciale 1922 Settegast

Maison Settegast © Photothèque de la Ville de Luxembourg Bohnert Jos 1966 089

Emplacement de l’ancienne maison Settegast © Rolph