(RE)découvrons notre ville - Maison Moderne

Notre capitale, vous pensez bien la connaître ? Bien, détrompez-vous ! Certains bâtiments, devant lesquels vous passez régulièrement cachent une histoire particulière. Dr Robert L. Philippart est un véritable expert en la matière et va vous emmener à travers la ville découvrir ces histoires cachées qui vous feront voir d’un autre œil certains bâtiments emblématiques.

Maison Moderne, N° 10

Le magasin de confection « Maison Moderne » (10–12 Grand-Rue) avait été construit en 1913 par l’architecte Georges Traus. La nouvelle construction permettait l’élargissement de la Côte d’Eich à sa jonction avec la Grand-Rue. Louis Cohen, originaire de Basse Saxe, inaugurait son entreprise au moment de l’ouverture de la ligne du tramway en direction d’Eich. L’arrêt se trouvait en face du magasin. L’architecture du grand magasin destiné à une haute fréquentation soulignait le souci de qualité des produits et se démarquait des lieux de déstockage installés à proximité de la gare. L’enseigne proposait 350 m2 de surface commerciale et un salon de lecture pour dames. Suite à l’alphabétisation de la population et à la diffusion de magazines pour dames, la proposition d’un salon de lecture contribuait au plaisir d’achat. Les grandes vitrines du rez-de-chaussée exposaient des produits à prix fixes. En 1938, Louis Cohen avait déposé au bureau international à Berne la marque » Les parfums Vivax » pour articles de toilette comme savons, crèmes, poudres, brillantines, eaux de Cologne, vernis. Séquestrée en 1940, l’enseigne s’appelait pendant la guerre « Modernes Kaufhaus ». Louis Cohen est décédé en 1950. La « Maison Moderne » spécialisée en articles de lingerie et bonneterie allait prendre en 1953 la société en nom collectif « Maison Moderne, Louis Cohen, Thécla Ermann et Fred Brahms, succ » comme raison sociale. Fred Brahms, neveu de Louis Cohen, avait réussi à fuir au Brésil au moment de l’invasion du Luxembourg par les nazis. En novembre 1944, Fred Brahms et son épouse Irène Sommer étaient retournés au pays et pouvaient reprendre leur commerce. En 1963 le bel immeuble d’inspiration Art Nouveau et l’immeuble voisin cessaient leur place pour un grand magasin de style moderniste. Construit en plusieurs phases, au bout de 16 mois, l’enseigne n’était fermée que pendant 5 semaines pour travaux ! La rapidité de la construction s’explique par le recours à une ossature métallique. L’immeuble fut construit du haut vers le bas, de façon que le magasin pouvait rester ouvert pendant les travaux. L’architecte René Schmit avait été chargé de l’élaboration des plans. » Die weißen, grauen und schwarzen Farben der Glaspanele, kombiniert mit den diskreten Tönen des Aluminiums wirken sehr effektvoll und geben dem Neubau der „ Maison Moderne “ ein besonderes Gepräge.“ Notait le Luxemburger Wort le 28 août 1964. Le nouvel immeuble desservi par deux ascenseurs, refléta la rationalisation de l’espace : le 5^e étage était réservé à l’administration, le 4^e servit de remise et dépôt, le 3^e présentait les rayons de literie et rideaux, le 2e étage était réservé aux choix de tissus, le 1^er étage proposait un rayon de lingerie, alors que le rez-de-chaussée servit de bonneterie et de mercerie. Chaque rayon était desservi par plusieurs caisses et le magasin fonctionnait en « self-service » complété par le conseil de vendeuses spécialement formées. En 1980, l’offre avait bien changée : le magasin proposait de la mode pour hommes et dames avec du prêt à porter de grandes marques, un « Kid’s corner » un rayon d’essuies de bains et torchons de cuisine, un rayon literie. Soucieux de l’animation de la ville, l’enseigne organisait des défilés de modes et proposa régulièrement des nocturnes. En 2001 le cabinet d’architecture de Bruxelles Pierre van de Broek remplaça l’immeuble de 1963 par une nouvelle construction encore plus spacieuse et aérée que le magasin de vêtements Springfield allait occuper jusque début 2019. Depuis mai 2019 le magasin Vincent Verlaine spécialisé dans la vente en vêtements, chaussures et accessoires pour hommes se retrouve à cette adresse.

© Photothèque de la Ville de Luxembourg – Batty Fischer 1955