(RE)découvrons notre ville - Modes Janin-Delcourt

Notre capitale, vous pensez bien la connaître ? Bien, détrompez-vous ! Certains bâtiments, devant lesquels vous passez régulièrement cachent une histoire particulière. Dr Robert L. Philippart est un véritable expert en la matière et va vous emmener à travers la ville découvrir ces histoires cachées qui vous feront voir d’un autre œil certains bâtiments emblématiques.

La boutique « Swarovski » occupe de nos jours un des sites les plus emblématiques à la Grand-Rue. L’histoire de cet immeuble formant le coin de la Grand’Rue avec la Rue des Capucins permet d’entrevoir l’évolution du commerce de la ville sur une période de près de 220 ans !

La maison avait été construite en 1802. Les ancres de la façade représentaient le millésime et les lettres « P », « R » et »M » et rappellent les noms des époux bâtisseurs Pierre Remy, maréchal- ferrant et marchand de fer et d’Elisabeth Masius mariés en 1784. Remy est décédé en 1835. La maison existe toujours sans avoir subi trop de transformations importantes, même si les ancres de pierres ne plus que partiellement visibles. Jusqu’en 1870 l’immeuble était occupé par J.N. Harff, carrossier, vendant des voitures pour enfants, des selles, des fouets, des brides et des malles.  Abraham Rouff, né en 1811 à Saarlouis, ouvrait en 1877 à cette adresse son « Ellwarengeschäft » qu’il exploitait depuis 1862 au carrefour Grand’Rue/ rue des Capucins. Rouff avait commencé sa carrière en 1850 comme marchand de tissus à Mersch. Il s’était fait naturaliser Luxembourgeois en 1873.  En 1877, il fut un des pétitionnaires auprès du Gouvernement réclamant l’instauration d’un tarif postal unique pour éviter de défavoriser le commerce par des tarifs spécifiques aux différents métiers. Lui-même offrait ses produits à « prix fixe » ce qui fut une nouveauté à l’époque. A partir de 1881 la « Maison de Nouveautés A. Rouff » fut reprise sous le nom de « A. Rouff Leib-Rouff Successeurs ». Elle s’agrandit d’un atelier de couture et engageait une coupeuse, sortant « d’une des principales maisons de Paris ». L’enseigne élargit sa gamme de produits spécialisée dans la confection pour hommes, dames et enfants, lainage et draperies et à la vente de rideaux. L’enseigne cessa ses activités en 1902. La Maison de modes « Decker Sœurs », fondée en 1856, allait s’établir à cette adresse. La mode avait bien changé, comme la gérante Rosalie Decker proposait à ses clients en plus de la gamme traditionnelle de confection des cravates, des toques en plumes d’autruches, soit « die apartesten unf solidesten Waren » aux prix les plus bas. Comme nouveauté, un rabais de 5% fut accordé aux clients qui payaient en cash.  En 1918, Rosalie Decker se trouvait parmi les premiers souscripteurs pour l’érection d’un monument de Souvenir (futur « Gëlle Fra). L’enseigne fut reprise en 1929 par « Modes L. Janin-Delcourt », maison fondée en 1917 à la rue de la Boucherie. Cette maison était d’abord spécialisée dans la vente de chaussures et de chaussettes, de chapeaux. Louis Janin étant mort dans un accident de voiture, sa veuve, Marie Delcourt, allait reprendre l’enseigne qui comptait parmi les maisons les plus nobles. En 1946, à l’Hôtel Alfa, la maison Janin contribua par des toques et chapeaux à un défilé de mode organisé par quatre grandes maisons de mode de Paris et de Liège.  En 1966, Roger Joseph Janin reprit l’enseigne à son compte. De 1996 à 2013 la maison de joaillerie, haute joaillerie, horlogerie et parfums, maroquinerie et accessoires « Les Must de Cartier » allait ouvrir sa boutique sur le site de l’ancien magasin « Janin » pour y rester jusqu’à leur déménagement à la Rue Philippe II en 2013. La marque Swarovski, l’un des plus grands fournisseurs mondiaux de cristal destiné à la fabrication de bijoux a succédé, depuis, à l’enseigne de « Cartier » au coin de la Grand-Rue et de la rue des Capucins.

Photo © Photothèque de la Ville de Luxembourg – Inconnu 1952